Mariage avec son cousin Germain : légalité et interdiction en France et ailleurs

63 % des Français ignorent qu’épouser son cousin germain n’a jamais été interdit par la loi sur l’ensemble du territoire. C’est pourtant la réalité, et cette exception française continue de surprendre au-delà de nos frontières.

Mariage entre cousins germains : un sujet qui interroge et divise

Le mariage entre cousins germains ne laisse personne indifférent. Certains valorisent la tradition, la solidarité familiale ou encore la liberté de s’unir avec qui l’on souhaite. Face à eux, d’autres rappellent les questions de santé publique et l’idée de poser un cadre. Ces unions restent rares : elles représentent moins de 1 % des mariages célébrés chaque année en France d’après les statistiques. Malgré tout, la question revient sur la scène publique, relancée par l’actualité ou la découverte de situations familiales inattendues.

Chez ceux qui soutiennent ce type d’union, il s’agit d’une démarche logique et assumée : affinités, stabilité, transmission d’un patrimoine commun pèsent dans la balance. En face, beaucoup s’alarment surtout des risques liés à la consanguinité ou au regard social, souvent teinté de méfiance. Les raisons de se lancer diffèrent : certains veulent maintenir un héritage, d’autres affirment simplement que les sentiments n’ont pas de frontière généalogique.

La France ne fait pas figure d’exception totale, loin de là. Selon les pays, les règles varient de la tolérance à l’interdiction stricte, avec tous les niveaux d’encadrement possibles entre les deux. Ce sont les frontières entre famille, filiation et normes du mariage qui, de pays en pays, dessinent la carte des possibles.

Ce que la loi française autorise (ou pas) concernant le mariage consanguin

La loi française affiche une position nette : il n’existe pas de texte qui interdise spécifiquement le mariage entre cousins germains. Seuls les liens de lignée directe, comme parents et enfants ou frères et sœurs, constituent des interdits absolus. Pour ces situations, la loi ne transige pas.

Les articles du code civil posent ce cadre : aucune possibilité d’union entre ascendants et descendants, pas plus qu’entre frère et sœur. Pour les cousins germains, aucune restriction n’apparaît, sauf en cas d’adoption plénière où une limitation existe mais reste très marginale.

Il a existé autrefois la nécessité d’obtenir une dispense pour se marier avec son cousin ou sa cousine, mais cette pratique a disparu. Plus besoin de démarches particulières aujourd’hui pour un tel mariage. Il reste quelques cas spécifiques pour d’autres liens familiaux, comme oncle et nièce ou tante et neveu, où une autorisation présidentielle s’impose, mais ces situations se raréfient considérablement.

L’organisation familiale trace une ligne claire : deux cousins germains peuvent officiellement se marier. Reste, bien souvent, la question du regard de l’entourage, entre acceptation tranquille et réticences silencieuses.

Risques médicaux et impacts sociaux : démêler le vrai du faux

Évoquer le mariage entre cousins germains suffit à réveiller craintes et fantasmes. La consanguinité inquiète. Sur le plan médical, les risques existent mais ils sont à nuancer : ils augmentent avec la proximité familiale et l’accumulation de ce type d’union au sein d’une même lignée, mais restent relativement faibles pour un couple de cousins germains sans autres antécédents similaires.

D’un point de vue statistique, le risque d’avoir un enfant atteint d’une anomalie grave oscille entre 2 et 4 %. La différence avec le reste de la population existe, mais ne justifie pas, seule, une interdiction. Beaucoup de couples préfèrent d’ailleurs consulter un professionnel pour un avis génétique avant d’avancer dans leur projet. Prendre le temps d’explorer les antécédents familiaux, poser ses questions et être informé sur les risques réels : cette démarche sécurise et permet de prendre une décision en connaissance de cause.

Pour la majeure partie des couples concernés, rien de dramatique : les complications génétiques restent l’exception. Dans la plupart des cas, aucune incidence majeure n’est observée, même si le taux d’anomalie se révèle un peu plus élevé que celui de la moyenne nationale.

Les difficultés ne relèvent pas seulement de la biologie. Pour beaucoup, c’est la pression sociale qui pèse le plus lourd. Certaines familles considèrent cette union comme naturelle, d’autres la vivent comme une entorse à la normalité, voire un sujet de malaise. Entre habitudes collectives, peurs diffusées et tabous qui persistent, l’environnement social influe presque autant que les données médicales.

Deux hommes en costume dans un bureau de justice

Regards d’ailleurs : comment le mariage entre cousins est perçu dans le monde

En France, ces mariages restent un phénomène marginal, souvent observé avec prudence ou étonnement. À quelques kilomètres de là, de l’autre côté de la Manche, la réglementation affiche la même souplesse. Pourtant, le débat surgit régulièrement dans la société, notamment chez certaines communautés où ces unions sont fréquentes.

Dans le reste de l’Europe, d’un pays à l’autre, les réponses s’opposent. L’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne l’autorisent sans s’émouvoir. La Suisse et le Nord de l’Europe, eux, l’interdisent complètement. Médical, moral, religieux : les arguments avancés varient, dessinant une mosaïque de législations qui racontent chaque société à leur façon.

Cap sur l’Asie : l’éventail est tout aussi large. En Chine, se marier avec son cousin germain est interdit depuis 1981, la décision étant motivée par la volonté d’éviter les maladies génétiques et d’adopter une image familiale plus moderne. Au Pakistan, la tendance s’inverse : plus de la moitié des couples se choisissent au sein de la famille élargie, une pratique ancrée dans les codes sociaux, la tradition et la gestion quotidienne de la vie familiale.

À travers chaque choix législatif, c’est une vision bien particulière du couple, des liens du sang et de la transmission qui s’exprime. Un texte juridique ne suffit pas à résumer la complexité humaine derrière ces mariages. En toile de fond, ce sont les histoires, croyances et peurs collectives qui forgent la singularité de chaque pays. Jusqu’où faut-il laisser l’intime s’écrire en marge ou au cœur de la loi ? La question reste entière, suspendue à la frontière mouvante entre liberté personnelle et regard du collectif.

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